La tolérance de l’islam dans les transactions financières

L’argent est le nerf de la guerre et les transactions financières entre les gens sont sujettes à la fraude, l’escroquerie, la spoliation des biens d’autrui, la priorité à l’intérêt personnel sans se soucier des préjudices que cela pourrait susciter pour l’autre partie. Pour cela, le besoin de tolérance et de facilitation entre les gens y est pressant. Aussi, voici quelques marques de la tolérance de l’islam dans ce domaine :

  • La tolérance de l’islam dans la vente et l’achat et l’exhortation à la tolérance dans ces opérations. Le Prophète y a dit : « Qu’Allah fasse miséricorde à celui qui se montre généreux quand il achète, quand il vend et quand il réclame le payement d’une dette ».
  • Il y a aussi l’exhortation à accorder un sursis à celui qui est dans la gêne afin de lui permettre de remplir son engagement, ou alors d’annuler tout simplement sa dette et cette deuxième possibilité est la meilleure option auprès d’Allah. Allah y dit : À celui qui est dans la gêne, accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance. Mais il est mieux pour vous de faire remise de la dette par charité ! Si vous saviez ! (2 Al Baqarah, 280.)
    Le Prophète s a dit : « Quiconque accorde un sursis à celui qui est dans la gêne aura pour chaque jour une aumône et celui qui accorde le sursis après l’épuisement du délai aura la récompense d’avoir fait l’aumône avec l’équivalent de cette dette chaque jour » (Rapporté par Ibn Mâjah)
  • Il y a également le fait d’exhorter à la tolérance dans l’économie. Le messager d’Allah y a dit : « On fit la reddition des comptes d’un homme parmi ceux qui vous ont précédés et il n’avait aucune bonne action hormis le fait qu'il fréquentait les gens, qu’il était riche et qu’il ordonnait à ses garçons de se montrer indulgents envers le pauvre. alors, Allah y dit (aux anges) : « Nous sommes plus digne de cela que lui [c'est-à- dire d’être indulgent envers lui] » (Rapporté par Mouslim.)
  • Il y a aussi le fait qu’il exhorte à la tolérance dans le remboursement de la dette. En effet, Abû Houreira d rapporte qu’un homme vint trouver le Prophète s pour se faire payer une créance qu’il avait sur lui. Comme il se montrait rude et que les compagnons du Prophète s faisaient mine de le malmener, le messager d’Allah y dit : “« Qu’on le laisse tranquille ; celui qui réclame son dû a le droit de parler ». Puis il ajouta : « Qu’on lui donne un chameau de l’âge du sien ! –Mais, ô envoyé d’Allah, lui répondit-on, nous ne trouvons (dans le troupeau) qu’un animal d’un âge supérieur au sien ! – Eh bien, qu’on le lui donne ! dit le Prophète s ; le meilleur d’entre vous est celui qui paye le mieux ses dettes » (Rapporté par Al Boukhari.)
  • Il y a également le fait qu’il exhorte à l’annulation du contrat lorsque l’une des parties contractantes exprime le regret. Le messager d’Allah y a dit : « Quiconque accepte d’annuler le contrat de vente de celui qui éprouve du regret se verra pardonné par Allah le jour de la Résurrection ». (Bukhari)
  • Il y a aussi le fait d'établir le droit d'option dans la vente. Le messager d'Allah y a dit : « Les deux contractants d’une vente ont le droit d’option tant qu’ils ne se sont pas séparés – ou jusqu'à ce qu’ils se soient séparés. S’ils sont francs et donnent les détails nécessaires (sur la marchandise et le prix), leur contrat sera béni. S’ils dissimulent et qu’ils mentent, la bénédiction de leur contrat sera détruite » (Rapporté par Al Boukhari.))
  • Il y a aussi le système de succession qui partage l’héritage, (après le payement des dettes et l'exécution des testaments) aux successeurs du défunt qui ont droit à la succession, aussi bien le petit que le grand, l’homme que la femme. Il s’agit d’un partage équitable et satisfaisant, comme l’attestent les gens qui jouissent d’une raison saine, il est fait en fonction du degré du lien de parenté avec le défunt et de l’avantage qu'on peut lui procurer. Nul n’a donc le droit de partager la succession selon sa passion et son désir. Parmi les bienfaits de ce système, il y a le fait qu’il disloque les richesses quelque soient leur grandeur en de petites possessions, ce qui rend presque impossible, l’amoncèlement des richesses entre les mains d’un petit groupe de personnes. En effet, le noble Qur’an a exposé la part des enfants, des père et mère, des deux époux et des frères. Allah y dit : Voici ce qu’Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils, une part équivalente à celle de deux filles. S’il n’y a que des filles, même plus de deux, à elles alors deux tiers de ce que le défunt laisse. Et s’il n’y en a qu’une, à elle alors la moitié. Quant aux père et mère du défunt, à chacun d’eux le sixième de ce qu’il laisse, s’il a un enfant. S’il n’a pas d’enfant et que ses père et mère héritent de lui, à sa mère alors le tiers. Mais s’il a des frères, à la mère alors le sixième, après exécution du testament qu’il aurait fait ou paiement d’une dette. De vos ascendants ou descendants, vous ne savez pas qui est plus près de vous en utilité. Ceci est un ordre obligatoire de la part d’Allah, car Allah est, certes, Omniscient et Sage (4 An-Nisâ, 11.)
    Outre les nombreux détails qu’Allah a évoqués à plusieurs endroits du Qur’an et dont le développement n’est pas l’objet du présent ouvrage, mais qui peuvent cependant être consultés dans les livres de partage des successions pour en savoir plus.
  • Il a également exhorté au moment du partage de la succession à la bonté envers celui qui y assiste sans oublier de lui en offrir quelque chose. Allah y dit : Et lorsque les proches parents, les orphelins, les nécessiteux assistent au partage, offrez-leur quelque chose de l’héritage, et parlez-leur convenablement (4 An-Nisâ, 8.)
  • Il a aussi institué le système de testament. Aussi, de son vivant, le musulman peut par testament léguer de sa richesse après sa mort et faire ainsi de bonnes œuvres afin que ce soit pour lui une aumône continue après son décès. Toutefois, l’islam stipule que ce legs ne dépasse pas le tiers de l’ensemble de ses biens. Saad ibn Abî Waqqâs d rapporte : « Pendant que j’étais malade à la Mecque, le Prophète s vint me rendre visite. « J’ai de la fortune, lui dis-je, puis-je en disposer entièrement par testament ? – Non, me répondit-il. – Puis-je disposer de la moitié ? repris-je. – Non, répliqua-t- il. – Et du tiers ? demandai-je. – Du tiers, oui, et le tiers c’est beaucoup. Il vaut mieux que tes héritiers soient riches plutôt que de les laisser dans la misère, obligés de tendre la main aux passants. Tout ce que tu dépenses (pour les tiens) t’est compté comme aumône, même la bouchée que tu portes à la bouche de ta femme. Il se peut qu’Allah te rende la santé, et alors des gens profiteront de ce que tu auras tandis que d’autres pâtiront » (Rapporté par Al Boukhari.)
    Au nombre de ses conditions, il y a aussi que le bénéficiaire du testament ne doit pas être de ceux qui ont une part dans la succession, afin que le testament ne soit pas préjudiciable aux autres successeurs, ni ne suscite l'inimitié et la haine entre eux. Le Prophète s a dit : « En vérité, Allah a donné à chaque ayant droit son dû, donc point de testament en faveur d’un bénéficiaire de la succession » (Rapporté par Abû Dawûd, 3/114, n° 2870.)